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Berechit

BERECHIT : AUTOUR DU … COMMENCEMENT


Adapté d'Avraham Naphtali



Que l'histoire de notre univers débute par le Commencement, point d'étonnement ; mais que cette histoire ait un passé antérieur, voilà qui n'est pas banal. Certes, vouloir spéculer sur " l'Avant " serait déplacé, ainsi que nous en avertit la Tradition (Berechit Rabba 1, 10 et 8, 2 voir note). Toutefois, celle-ci exprime l'existence d'une histoire antérieure :

"(Avant le Commencement), le Saint loué soit-Il créait des mondes et les détruisait …" 
(Berechit Rabba 3, 7)

Il est parfaitement illusoire de supposer qu'il puisse subsister la moindre trace des ces mondes disparus. Et si une quelconque spéculation sur leur teneur est exclue, c'est que la lettre " Beth ", sur laquelle s'ouvre l'œuvre du Commencement, représente une sorte de sas unidirectionnel et matériellement infranchissable : elle est fermée à sa droite (l'avant), et s'ouvre à gauche (notre monde connaissable) (cf. Berechit Rabba 1, 10).
La délicate approche du Commencement est une caractéristique partagée par les sciences contemporaines. Si la théorie cosmologique du Big Bang est communément admise, l'extrapolation scientifique rencontre ses limites à proximité du " temps zéro ", qui est pudiquement appelé singularité.

Selon la physique relativiste, au delà d'une infime durée appelée 
temps de Planck (10 puissance - 43 s), l'univers est supposé se concentrer en un espace excessivement restreint et infiniment dense. Il s'apparente alors à un " trou noir ". Dans ces conditions extrêmes, le cadre espace-temps disparaît et avec lui les notions de longueur et de temps, à plus forte raison d'histoire.

Selon la mécanique quantique, il nous est interdit de connaître à la fois la position et le mouvement d'une particule de matière. Si nous choisissons la position, une localisation est possible dans l'espace, mais son inscription dans le temps resterait méconnue. La particule, ainsi repérée, évoluerait dans un temps incertain. Comment écrire son histoire ? Si nous préférons suivre le mouvement de cette particule, une dynamique serait mesurable, mais exempte de référence spatiale. Maintenant, c'est l'espace qui est indéterminé. Le cadre manque à l'histoire.

Peut-être la théorie de la grande unification des lois de la physique, la " TUG ", nous permettra-t-elle un jour de retrouver nos marques ? Pour l'heure, c'est impossible.
La singularité représente une limite de compétence de la science contemporaine. Quant à la Tradition, elle nous déconseille de pousser plus " avant " le Commencement. Toutefois, l'Avant existe, mais il est tout spirituel, comme il est dit :

"L'Eternel m'a possédée au commencement de sa route, avant ses œuvres, dès l'origine. Depuis l'éternité, je fus préparée, dès le début, antérieurement à la terre." (Proverbes 8, 22 et 23)

L'existence de la sagesse divine, évoquée dans les Proverbes, précède l'instant de la Création par six niveaux d'antériorité, précisent nos sages (Berechit Rabba 1, 8). Ces six niveaux d'antériorité, tous dans le domaine de la spiritualité, font face à six autres niveaux dans le domaine matériel. Aux six plans de conceptualisation, propres au monde divin, correspondent six étapes de réalisation dans notre monde, à savoir les Six Jours de l'œuvre. Entre les six niveaux d'antériorité spirituelle et les six étapes dans l'ordre matériel, l'instant de la Création. Or, qui dit commencement : Berechit, dit prémices : Rechit (cf. Berechit Rabba 1, 4). A l'aboutissement de l'œuvre du Commencement, l'homme, qui procède de l'en haut, par son souffle, et de l'en bas par son corps (cf. Berechit Rabba 8, 11), est placé entre le monde spirituel et le monde matériel. Cette position particulière lui confère un rôle singulier : celui de devenir Israel.

"Israel est saint pour l'Eternel, prémices (Rechit) de sa récolte …" (Jérémie 2, 3)

Au début répond la fin.


Réflexions autour du livre de A. Naphtali :
L'HOMME DE PIERRE - Biblieurope 1992.

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