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Tohu Bohu

Avant la création
Le Tohu-Bohu
A l’instar des conceptions scientifiques modernes, Nahmanide interprète le Tohu-Bohu comme un état d’instabilité de la matière.


Genèse, chapitre 1

1) Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.
2) Or la terre n'était que solitude et chaos; des ténèbres couvraient la face de l'abîme, et le souffle de Dieu planait à la surface des eaux.

Nahmanide
Le mot Tohu est traduit selon les paroles de nos Sages (Talmud – Traité Kiddoushin – Page 40) : ébahi (qui se dit Tohé en hébreu) – ébahi par l’état initial : car si quelqu’un venait à attribuer un nom à cette chose, il serait ébahi et lui attribuerait un autre nom, car la chose n’a pas pris une forme qui puisse être contenue dans une dénomination. Et cette forme de consistance s’appelle en hébreu « Bohu », qui correspond à la contraction de l’expression hébraïque « Bo Hu » qui signifie : c’est dedans, car tout ce qui existe y était en puissance.


Et voici que par cette créature (la création initiale), qui est comme un petit point fin qui n’a pas de substance, ont été créées toutes les créatures du ciel et de la terre


                                                 
                                                   Victor Sitbon
                                                         lamed
                                                                  


L’OBJET DE LA COSMOLOGIE

La cosmologie porte sur l’étude de l’Univers sous ses différents aspects. Elle analyse le comportement de tous les objets qui le composent (planètes, étoiles, nébuleuses, trous noirs, galaxies, amas), leur contenu, leur origine et leur évolution. Contrairement à la cosmogonie qui fait appel à des mythes, elle s’appuie sur des faits avérés ou des modèles physico-mathématiques.
La tradition grecque d’un univers statique a fortement influencé les savants jusqu’au milieu du XXème siècle, y compris A. Einstein. Décrivons brièvement ce que nous savons aujourd’hui.
Notre Terre n’est qu’une infime poussière dans l’immensité du Cosmos. Elle fait partie du système de neuf planètes gravitant autour du Soleil, une étoile parmi 200 milliards d’autres au sein de notre galaxie, la Voie Lactée. Les étoiles naissent dans des espèces de pépinières que sont les nébuleuses. Les trous noirs sont le résultat de l’effondrement sur elles-mêmes de grandes étoiles massives parvenues à la fin de leur vie, après avoir consommé tout leur carburant nucléaire. La densité des trous noirs est alors telle que la lumière passant à leur voisinage est captée, d’où leur nom.
Imaginons que le Soleil corresponde à une orange placée au milieu de la place de la Concorde, la Terre aurait alors la dimension d’une tête d’épingle…
Au-delà, comme le disait E. Kant, nous entrons dans des «univers îles » que sont les galaxies regroupées en amas. L’unité de mesure dans ces espaces est l’année-lumière, c'est-à-dire la distance parcourue par la lumière (vitesse (c) = 300.000 km / seconde environ), en une année. Pour donner une petite idée de la signification de cette distance, imaginons que le Soleil corresponde à une orange placée au milieu de la place de la Concorde, la Terre aurait alors la dimension d’une tête d’épingle et serait située à un mètre du soleil. L’année-lumière serait équivalente à la distance Paris-Evreux. La lumière émise par le soleil met environ 8 minutes pour nous parvenir.
Les galaxies se rassemblent dans des amas. On dénombre environ 150 milliards de galaxies dans l’Univers dont la dimension est estimée à 15 milliards d’années-lumière. Son âge est évalué à environ 15 milliards d’années. Compte tenu de la vitesse limitée de la lumière, plus l’observation est lointaine, plus la vision est celle du passé : le nombre d’années-lumière est en même temps celui du passé observé.

Comment peut-on alors parler d’âge de l’Univers si celui-ci n’a jamais eu de commencement et est statique, donc éternel, comme le pensaient les philosophes grecs (Ptolémée, Aristote, ..) ?

LES CONNAISSANCES RECENTES EN COSMOLOGIE

Pour comprendre les évolutions récentes, il convient de résumer en quelques phrases, l’extraordinaire apport des théories de la relativité.
La relativité restreinte explique tout un ensemble de problèmes que la physique classique ne sait pas résoudre. Ses deux grands postulats sont les suivants :
- toutes les lois de la physique sont inchangées dans un référentiel se déplaçant à vitesse constante
- aucun objet ne peut dépasser la vitesse de la lumière qui constitue une vitesse limite infranchissable.
De ces deux postulats, il résulte que quand un objet approche la vitesse de la lumière (c), sa longueur se contracte et son temps propre se dilate. Cette conclusion a été maintes fois vérifiée.

En fait, le rapport intime qui existe entre le temps et le déplacement dans l’espace fait que nous vivons dans un espace d’évènements à quatre dimensions, appelé « espace-temps ».
L’autre grande conclusion est l’équivalence de la matière (de masse m) et de l’énergie (E) qui se traduit par la célèbre formule E = mc2 qui fonde le principe de base de l’énergie nucléaire. La relativité restreinte a éclairé d’une vision nouvelle le monde de l’infiniment petit.
La relativité générale concerne l’infiniment grand, c’est à dire l’espace cosmique, et a permis de comprendre des observations non expliquées par la mécanique classique de Newton (exemple : le comportement anormal de l’orbite de Mercure autour du Soleil) et d’anticiper sur des phénomènes tels que la déviation de la lumière à proximité de grandes masses comme les galaxies et les étoiles denses, ou encore l’existence des trous noirs. La relativité générale consiste en un système d’équations complexes. La déduction principale de ce système est que toute présence de matière ou d’énergie importante courbe le tissu de l’Univers.
La recherche de solutions au système d’équations a conduit de façon concomitante deux physiciens, l’un russe juif, Friedman, l’autre, belge, l’abbé Lemaître, à des solutions qui ont abouti à la conclusion que l’Univers est en expansion perpétuelle. Cette conclusion a décontenancé Einstein lui-même imprégné, comme tout européen cultivé, de la pensée grecque d’un univers statique. Il refusa ces solutions, quitte à modifier ses équations par l’introduction d’un artifice appelé « constante cosmologique » pour obtenir une solution « statique ».
La démonstration de l’expansion de l’Univers par Hubble conduisit Einstein à réviser sa position.
En 1929, l’astronome Hubble démontra la réalité de cette expansion. Les galaxies s’éloignent les unes des autres, et plus elles sont distantes et plus la vitesse d’expansion est importante. En fait, les galaxies ne se déplacent pas, c’est le tissu même de l’Univers qui se dilate, elles sont comme des points sur un ballon que l’on gonfle. Finalement, A. Einstein en convint et avoua que « Ce fut la plus grande erreur de sa vie ».
Mais alors si l’Univers est en expansion, c’est que dans le passé, il était plus petit. La loi d’expansion de Hubble aboutit à ce que, il y a environ quinze milliards d’années, l’Univers était plus petit qu’un atome ; il avait la plus petite taille que la physique moderne peut concevoir, la longueur de Planck qui est la limite de connaissance de la physique actuelle, appelée aussi « point singulier » ou « mur de Planck ». Aller au-delà de ce mur est, aujourd’hui et probablement à jamais, hors d’atteinte des possibilités humaines, si ce n’est par de pures spéculations mathématiques.
On se trouve alors dans le domaine de l’unification complète des quatre forces de la nature (la gravitation, les ondes électromagnétiques, la force électronucléaire faible, la force électronucléaire forte). A l’instant zéro, le temps ne s’écoule pas. Seul le vide quantique contenant une énergie considérable existe. L’univers, représenté par un point singulier est d’une parfaite symétrie (super-symétrie). Les fluctuations du vide quantique se manifesteraient au travers des cordes (concept physico-mathématique théorique) par les particules les plus élémentaires (électrons, quarks, photons, bosons, etc.) et de leurs anti-particules. C’est encore une bouillie, à densité infinie, où sont confinées et unifiées les quatre grandes forces de la nature.
La vision de l’infiniment grand s’identifie ainsi à celle de l’infiniment petit. Mais alors Qui a brisé cette parfaite symétrie et Qui a déployé l’espace et le temps (le Big Bang) ?
Au fur et à mesure de l’expansion (inflation), l’Univers se refroidit, la densité baisse. Les premières particules élaborées de la matière (protons, neutrons) apparaissent. Au bout de trois cent mille années (mesure rétroactive à partir de la loi de Hubble), les ondes électromagnétiques dont la lumière, sont libérées et inondent l’Univers. Le télescope Hubble a pu percevoir et préciser l’image radio de cette « lumière » primordiale, appelée fonds diffus cosmologique. Cette découverte est à rapprocher de la lumière créée au premier jour de la Création (voir les ouvrages de Nathan Aviezer, Au commencement …, et de J. Goldberg, Science et tradition d’Israël). Le mot Yom au début de Béréchit, a été malencontreusement sorti de son contexte et a été traduit par « jour ». En fait, sa signification serait plutôt celle de phase dans le processus de la Création. Ce qui n’enlève rien au caractère sacré du Chabbat (voir le livre de Moïse Sibony, Le jour dans le judaïsme)

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