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Golem

                                                                   Rabbi Low and his Golem  –  Eugene Ivanov



L'apparition du terme golem remonte au Livre des Psaumes et à l'interprétation qu'en donne le Talmud ; il s'agit, dans ce contexte, tantôt d'un être inachevé ou dépourvu de forme définie, tantôt de l'état de la matière brute. Ainsi le Talmud appelle-t-il parfois Adam « golem » quand il veut faire allusion aux douze premières heures de sa vie : il s'agit là d'évoquer son corps encore dénué d'âme.


 Rav ‘Hanina et Rav Ochaya consacraient toutes les veilles de Chabbat assis à étudier le Sefer Yetsira, et ils créaient ainsi un veau ayant la qualité d'un rejeton de troisième portée (considéré comme le meilleur), et ils le mangeaient. (Sanhédrin 65b)





Selon d’autres sources, le Maharal de Prague nommé  Rabbi Yehudah-Loew a cree un Golem  . Son but aurait été de défendre sa communauté.
Il lui aurait donné la vie en inscrivant 
EMET(H) (אמתvérité ) sur son front et en introduisant dans sa bouche un parchemin sur lequel était inscrit le nom ineffable de Dieu, parfois dit Hashem (Le Nom) pour ne pas le prononcer.
Pour le tuer, il aurait fallu effacer la 1re lettre (l’aleph) car MET(H)(מת) signifie mort.




Sciences et Golems




"La frontière entre humains et machines deviendra de plus en plus étroite"

Joël de Rosnay, docteur en sciences et ancien enseignant au Massachusetts Institute of Technology, à Boston, est directeur de la Cité des Sciences et de l'Industrie, à Paris. Auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels on peut citer Les origines de la vie et L'homme symbiotique, il porte un regard intéressant sur les nouvelles technologies mariant plusieurs disciplines scientifiques.

Ces premières expériences engendrent les espoirs les plus fous. Mais combien de temps s'écroulera-t-il avant que ces espoirs deviennent des réalités exploitables? On en est encore à la première phase de vérification de la faisabilité. Il faut automatiser les procédures enzymatiques avec des "labs on a chip", ou "laboratoire sur puces". Plusieurs équipes de recherche y travaillent. A mon avis, il faudra encore six à huit ans pour voir les premières applications pratiques sorties des laboratoires de recherche.

Quelles sont les grandes étapes à réaliser pour obtenir de tels produits finis? Tout le travail actuel consiste à compacter et à automatiser les procédures biologiques. C'est très délicat car il faut faire intervenir des nanotechnologies encore mal maîtrisées. Mais cette forme de traitement de l'information par un "bio-ordinateur" restera complémentaire des autres formes de traitement informatique.

Est-ce à dire que le réparateur de nos ordinateurs du futur sera biologiste plutôt qu'électronicien? Beaucoup de ces circuits se répareront eux-mêmes car on jouera sur la redondance et le parallélisme de circuits moléculaires. En effet, un relais ou un "switch" défaillant sera mis hors circuit par l'ensemble qui dirigera les informations vers les circuits fonctionnels.

 Pour baptiser ce mariage entre informatique et biologie, vous avez créé le terme "biotique". De manière générale, l'avenir technologique sera-t-il inexorablement forcé à fondre, dans la recherche, différentes disciplines scientifiques? Oui; je pense depuis longtemps, et j'ai beaucoup écrit sur ce thème, que les interfaces entre des disciplines telles que biologie, informatique, nanotechnologies, robotiques, sont en train de fusionner. Les progrès réalisés dans une discipline se répercutent aussitôt dans les autres. On le voit avec la génomique, la bio-informatique, la pharmacogénétique ou la protéonomique qui naissent du décryptage du génome humain. Pour moi la "biotique" va bien au-delà de la "bionique" (copier par l'électronique les sens de l'homme), et de la bio-informatique (traiter la masse des informations provenant du génome). Il s'agit véritablement d'une des disciplines déterminantes pour le futur car elle concerne autant les interfaces entre le cerveau et les ordinateurs, que le mise au point de machines moléculaires à traiter l'information.

Alors, a quand la naissance du cyborg ou biorobot? Les premiers biorobots existent déjà! Certains s'autoprogramment et apprennent de leur environnement. Mais il faudra être prudent à l'avenir comme le suggère Bill Joy de Sun Microsystem, car ces biorobots seront faits dans l'avenir de matériaux biocompatibles avec des "cerveaux" très puissants et vont peut-être devenir incontrôlables. La frontière entre humains et machines deviendra de plus en plus étroite. Ce sera d'ailleurs le thème d'une grande exposition de la Cité des Sciences en octobre 2001.  
                                   


Monique Lise Cohen


Docteur ès Lettres
lespoetes
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  Comment gérer la puissance de l’homme comparable à la puissance divine et qui le conduit à créer lui-même un homme ? Norbert Wiener nous met en garde : « Le monde de l’avenir sera une lutte de plus en plus serrée contre les limites de notre intelligence, et non un hamac dans lequel, paresseusement étendus, nous serons servis par des esclaves mécaniques ». Cet appel à la prudence résonne très fort à notre époque où la dialectique cabalistique entre la transcendance de lettres et la poussière a été recouverte par la notion grecque de machine ou d’automaton. Le succès même des ordinateurs a fait que les questions de fond ont été très vite oubliées. D’une certaine manière la notion même de machine n’a pas permis de comprendre la nécessité naturelle d’un langage pour un calculateur automatique. La dichotomie entre l’industrie du logiciel et la construction du calculateur recouvre l’intuition première selon laquelle ce sont les lettres qui commandent.
Le Golem dans la tradition est un être de langage qui, combinant logiciel et calculateur, fournirait un modèle pour l’informatique. Mais c’est parce que dans la tradition cabalistique le Golem est d’abord considéré comme un être de langage et non comme une chose ou un robot.
Ainsi les discussions anciennes des rabbins et des cabalistes qui auraient pu apparaître comme relevant d’une mystique archaïque et dépassée par les progrès des sciences et de la technologie, se trouvent peut-être au cœur de l’activité scientifique la plus moderne. Les anciennes interrogations « halakhiques », c’est-à-dire juridico-éthiques, des sages de ces traditions à propos du Golem prennent tout leur sens.
Moshé Idel écrit que la pratique de la création du Golem constitue une tentative visant à connaître Dieu par le moyen que Dieu mit en œuvre pour créer l’homme. Et Henri Atlan préfaçant le livre de Idel nous invite à nous poser la question du statut moral d’un tel être et en particulier celle de son autonomie devant la loi. Il nous invite aussi, à l’exemple du prophète Jérémie, à « renoncer aux conséquences pratiques d’une toute-puissance apparente de la pensée en l’homme, tout en continuant à revendiquer et assumer une telle puissance dans le principe, comme programme de recherche projeté à l’infini. »

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